Présentation 

Florence Grenot est née à Lyon en 1954 dans une famille de 5 enfants. Passionnée dès son plus jeune âge par l’art, elle suit un parcours atypique qui lui permet de garder une grande liberté de création : elle est autodidacte. Elle se nourrit de ses voyages aux quatre coins du monde, où elle donne des cours de dessin aux enfants. Elle s’inspire de son quotidien, de ses lectures, de ses rencontres. Elle est guidée par ses sentiments, sa foi catholique et par les évènements qui construisent sa vie. Elle expose ses toiles, ses croquis, ses sculptures dans des galeries ou des expositions privées, en fonction des opportunités. Chaque année depuis 2012, elle expose dans le groupe de Chantal Roux au salon Comparaisons (Paris, Grand Palais). Animée par la joie de ses petits-enfants, parallèlement elle crée des illustrations colorées pour enfants, qui nous font voyager dans un monde de rêves.

Une émotion, donc un trait; un trait dans la tête, ou sur une feuille, ou sur mon iPad; dans la tête le plus souvent, un trait que je transfère sur la toile, et qui devient ce que j’appelle respectueusement un gribouillon; c’est à dire des traits plutôt ronds mais surtout très libres et qui vont vers l’essentiel.

C’est ainsi que, dans mon atelier, l’enregistrement dans mon cerveau de toutes mes émotions me donne envie d’exprimer au pinceau des formes qui surgissent de manière automatique. Je joue ensuite avec les couleurs qui sont en moi pour composer une toile. Je travaille par à-coups et très vite; je reprends mes toiles, qui n’aboutissent généralement qu’au bout de plusieurs mois; je travaille presque toujours sur plusieurs toiles à la fois.

Quand je commence une toile, je n’ai pas d’idée précise; je ne fais que m’adapter à ce que produisent mon pinceau et mon subconscient; je suis juste le correcteur de ce qui s’est imprimé.
Une toile révèle donc mon rapport au monde, ce que j’en ressens et ce que j’en pressens. Une fois la toile terminée, libre à celui qui la regarde de créer sa propre histoire, raison pour laquelle je n’aime pas imposer un titre.

Florence Grenot, la puissance et la joie. Sophie Mandrillon

Quand j’ai rencontré Florence la toute première fois, c’était dans un aéroport. On partait à Venise, où l’on participait toutes les deux à une exposition. Florence Grenot une première fois, c’est une force de physique, de couleurs, de chaleur qui vous arrive en pleine face. Rien n’attend, tout se donne. C’est offert, et explosif. C’est instantané. Le voyage à Venise fut le début d’une rencontre magistrale et d’une longue amitié .

La peinture de Florence, c’est comme Florence. Offert et explosif. Pleine face. On rentre dedans, on s’en met plein les mains, plein les yeux, plein les sens. Grands plans colorés, choix chromatiques intenses, gestuelle instinctive, tourbillon d’expressions.

Car il faut la voir travailler. Florence Grenot, si elle ne travaille pas, elle ne vit pas en totalité. Si elle travaille, elle danse. Sa création est une danse. Une danse chamanique. Toile, pinceaux, couleurs, tout s’emmêle et c’est son corps à elle qui donne le rythme. Il y a là la mer de l’Atlantique qui déboule, grosse vague blanche et iodée, à porté de main, ici les grands pins drômois torturés par le vent et roses intenses au coucher du soleil, les églises et les maisons blanches de Vendée, posées, imposées, tendues comme des arcs, des fleurs qui s’emballent en bouquets comme des feux d’artifice, des femmes à l’oeil noir comme des rocs qui vous scrutent ou vous narguent. A chaque fois, à chaque travail, à chaque toile, Florence Grenot se lance sur le support, l’écrabouille, le violente, commence, recommence. Quitte à devenir toile elle même tant la peinture se plait à venir et revenir tacher son corps à elle. A la voir faire, oui, il y a du ballet, un pas de danse intime, entre elle et ce qu’elle cherche à faire, qui n’est jamais gagné d’avance, et au prix de nombreux doutes.

Faire, refaire, détruire, et recouvrir, parce qu’on n’aime pas assez, qu’on est insatisfait, qu’on a peine à rendre la fugacité du sentiment qu’on explore, douter et puis trouver. C’est cette frénésie à trouver qui rythme sa danse. Dans sa quête, pas toujours comblée, l’abstraction n’est jamais loin. On y tend, on la veut, la  main libère la matière et les traits, et même si le thème est défini, Florence cherche jusqu’à s’épuiser la fulgurance du ressenti et la spontanéité du geste.

Au bout du chemin, parfois tourmenté, toujours généreux, la puissance de Florence sait vous embarquer dans son monde coloré, et il y a de la joie à partir en peinture avec elle.

Florence Grenot par Daniel Lacomme

De la vie à l’état brut : c’est ce qui apparaît dès l’abord des peintures de Florence Grenot. Mais lorsque l’artiste est suffisamment peintre cette vie cristallise en toiles chargées de picturalité inventive, juste, vibrante; toujours intéressante aussi parce que chez Florence comme chez tous les peintres, l’histoire racontée est d’abord celle de la peinture. Les compositions, libres, déliées, de cette artiste – graphiste mais coloriste et très contemporaine dans son approche – s’imposent à notre regard par la décision assumée de cette manière personnelle.

Pour autant, dans cette apparence d’improvisation, toutes les étapes restent visibles en strates, dans une superposition très mesurée du temps de leur élaboration. Il en ressort des compositions très mouvantes, que ce soit sur le papier ou sur la toile. Des paysages, des objets, des scènes, des figures, du fond du support surgit un « clair-obscur de la couleur », passant par une manière de détournement de la vision, qui projette cette présence d’êtres improbables devant nous, irradiant leur présence, leur être au monde, mais certainement et avant tout leur énergie. Nous sommes alors tenus de reconnaître, non seulement que l’audace paye en peinture, mais que la liberté s’acquiert dans le cadre de l’acceptation de ses particularismes et dans la confiance la plus totale en ses propres dons. « Ce que les autres te reprochent, cultive-le, c’est toi-même » avait dit Cocteau à Picasso.

Florence Grenot par Bruno d’Yvoire

Quand un arbre fleurit très fort, c’est le signe qu’il subit un stress. Pour se protéger, la plante mobilise toutes ses capacités de reproduction. Les arboriculteurs exploitent cette vertu de la nature, en taillant vigoureusement les arbres qu’ils ont soigneusement plantés, pour leur faire produire du fruit. 

Florence Grenot procède de la même manière avec la peinture. Elle poursuit un but. Telle un laboureur, elle commence par peindre les fonds de ses toiles avec des pinceaux grossiers imprégnés de leurs eaux sales et couperosés de résidus d’anciennes palettes desséchées. Ce purin de peinture lui sert de langage. Sa persévérance lui sert de message. Avant de faire apparaitre des formes, elle rééquilibre la composition par des couleurs. Les trainées de pinceaux qui recouvrent ses peintures disent l’énergie avec laquelle elle mobilise tout son corps pour s’exprimer en gestes larges. Mais elle prête aussi attention aux dégradés irréguliers, aux rugosités erratiques laissées par un pinceau en bout de course. Elle aime peindre pieds nus; souvent la main ou le doigt remplacent le pinceau, et le pantalon bouffant permet d’essuyer une matière qui déborde. Et pour mettre en scène un beau détail apparu par miracle, Florence n’hésitera pas à recouvrir le reste du tableau, fut-il longuement travaillé.

Donner et recevoir, tel semble être le bonheur de Florence Grenot quand elle est en train de peindre, seule. Recevoir et donner, tel semble être le bonheur qu’elle souhaite pouvoir partager et transmettre aux spectateurs de ses tableaux. Peinture de la générosité.

Dans son atelier

Un film de MADRAYCreations – 2015